- March
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Voyage en poésie roumaine
Mar 6 Sep - 10:09
(je vais faire des posts consécutifs, je m'excuse d'avance, mais je veux remettre les poèmes ici avant de partir en vacances, et c'est dans deux heures)
Charme de pluie
(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
J’aime les pluies, j’aime passionnément les pluies,
Les pluies affolées et les calmes pluies
Les vierges pluies et les pluies-femmes déchaînées,
Les pluies fraîches et les ennuyeuses pluies sans fin.
J’aime les pluies, j’aime passionnément les pluies,
J’aime me rouler dans leur herbe blanche, haute,
J’aime rompre leurs brins et les porter entre les dents,
Pour qu’en me regardant ainsi les hommes perdent la tête.
Je sais que ce n’est pas bien de dire « Je suis la plus belle des femmes »,
Ce n’est pas bien et ce n’est peut-être pas vrai,
Mais laisse-moi quand il pleut,
Seulement quand il pleut,
Prononcer la formule magique « Je suis la plus belle des femmes ».
Je suis la plus belle des femmes parce qu’il pleut
Et parce que les franges de la pluie dans les cheveux me vont bien,
Je suis la plus belle des femmes parce qu’il y a du vent
Et la robe s’agite désespérément pour cacher mes genoux,
Je suis la plus belle des femmes parce que tu
Es parti au loin et je t’attends
Et tu sais que je t’attends,
Je suis la plus belle des femmes et je sais attendre
Et pourtant j’attends.
Il y a dans l’air une odeur d’amour, vive
Et tous les passants hument la pluie pour sentir son odeur,
Sous une pluie pareille on peut tomber foudroyé par l’amour,
Tous les passants sont amoureux,
Et moi je t’attends.
Mais tu sais –
J’aime les pluies,
J’aime passionnément les pluies, les pluies affolées et les calmes pluies
Les vierges pluies et les pluies-femmes déchaînées.
Charme de pluie
(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
J’aime les pluies, j’aime passionnément les pluies,
Les pluies affolées et les calmes pluies
Les vierges pluies et les pluies-femmes déchaînées,
Les pluies fraîches et les ennuyeuses pluies sans fin.
J’aime les pluies, j’aime passionnément les pluies,
J’aime me rouler dans leur herbe blanche, haute,
J’aime rompre leurs brins et les porter entre les dents,
Pour qu’en me regardant ainsi les hommes perdent la tête.
Je sais que ce n’est pas bien de dire « Je suis la plus belle des femmes »,
Ce n’est pas bien et ce n’est peut-être pas vrai,
Mais laisse-moi quand il pleut,
Seulement quand il pleut,
Prononcer la formule magique « Je suis la plus belle des femmes ».
Je suis la plus belle des femmes parce qu’il pleut
Et parce que les franges de la pluie dans les cheveux me vont bien,
Je suis la plus belle des femmes parce qu’il y a du vent
Et la robe s’agite désespérément pour cacher mes genoux,
Je suis la plus belle des femmes parce que tu
Es parti au loin et je t’attends
Et tu sais que je t’attends,
Je suis la plus belle des femmes et je sais attendre
Et pourtant j’attends.
Il y a dans l’air une odeur d’amour, vive
Et tous les passants hument la pluie pour sentir son odeur,
Sous une pluie pareille on peut tomber foudroyé par l’amour,
Tous les passants sont amoureux,
Et moi je t’attends.
Mais tu sais –
J’aime les pluies,
J’aime passionnément les pluies, les pluies affolées et les calmes pluies
Les vierges pluies et les pluies-femmes déchaînées.
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 6 Sep - 10:09
Poème
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Dis-moi, si je t’attrapais un jour
et que je t’embrassais la plante du pied,
n’est-ce pas que tu boiterais un peu, après,
de peur d’écraser mon baiser ?
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Dis-moi, si je t’attrapais un jour
et que je t’embrassais la plante du pied,
n’est-ce pas que tu boiterais un peu, après,
de peur d’écraser mon baiser ?
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 6 Sep - 10:10
Evocation
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Elle était belle comme l’ombre d’une idée, -
son dos sentait la peau d’enfant
la pierre fraîchement cassée
le cri dans une langue morte.
Elle n’avait pas de poids, telle la respiration.
Riante et pleurante à grosses larmes
elle était salée comme le sel
glorifié aux festins des barbares.
Elle était belle comme l’ombre d’une pensée.
Entre les eaux, elle seule était terre.
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Elle était belle comme l’ombre d’une idée, -
son dos sentait la peau d’enfant
la pierre fraîchement cassée
le cri dans une langue morte.
Elle n’avait pas de poids, telle la respiration.
Riante et pleurante à grosses larmes
elle était salée comme le sel
glorifié aux festins des barbares.
Elle était belle comme l’ombre d’une pensée.
Entre les eaux, elle seule était terre.
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 6 Sep - 10:10
Couple
(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
Des uns ne voient que toi,
D’autres ne voient que moi,
Nous sommes superposés si parfaitement
Que personne ne peut nous apercevoir en même temps
Et personne n’ose habiter sur le tranchant
D’où nous pouvons être vus ensemble.
Tu ne vois que la lune,
Je ne vois que le soleil,
Tu te languis de voir le soleil,
Je me languis de voir la lune,
Nous sommes dos à dos,
Depuis longtemps nos os se sont confondus,
Le sang porte des rumeurs
D’un cœur à l’autre.
Comment es-tu ?
Si je lève le bras
Et le tends loin en arrière,
Je découvre ta douce clavicule
Et, en montant, les doigts touchent tes
Saintes lèvres
Puis brusquement ils reviennent et écrasent
Jusqu’au sang ma bouche,
Comment sommes-nous ?
Nous avons quatre bras pour nous défendre,
Mais je ne peux frapper que l’ennemi devant moi
Et toi que l’ennemi devant toi,
Nous avons quatre jambes pour courir,
Mais tu ne peux courir que de ton côté
Et moi que de l’autre côté.
Tout pas est un combat à la vie, à la mort.
Sommes-nous égaux ?
Mourrons-nous ensemble ou alors l’un portera,
Encore quelque temps,
Le cadavre de l’autre collé à lui
Et l’infectant lentement, trop lentement, de sa mort ?
Ou peut-être qu’il ne mourrait pas en entier
Et il portera pour l’éternité
Le doux poids de l’autre,
Atrophié pour toujours,
Grand comme une bosse,
Comme une verrue…
Oh, nous seuls connaissons le désir languissant
De pouvoir nous regarder dans les yeux
Et ainsi de comprendre tout,
Mais nous sommes dos à dos
Nous avons poussé comme deux branches
Et si l’un de nous s’arrachait,
Se sacrifiant pour un unique regard,
Il ne verrait que le dos d’où il s’est arraché
Ensanglanté, glacé,
De l’autre.
(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
Des uns ne voient que toi,
D’autres ne voient que moi,
Nous sommes superposés si parfaitement
Que personne ne peut nous apercevoir en même temps
Et personne n’ose habiter sur le tranchant
D’où nous pouvons être vus ensemble.
Tu ne vois que la lune,
Je ne vois que le soleil,
Tu te languis de voir le soleil,
Je me languis de voir la lune,
Nous sommes dos à dos,
Depuis longtemps nos os se sont confondus,
Le sang porte des rumeurs
D’un cœur à l’autre.
Comment es-tu ?
Si je lève le bras
Et le tends loin en arrière,
Je découvre ta douce clavicule
Et, en montant, les doigts touchent tes
Saintes lèvres
Puis brusquement ils reviennent et écrasent
Jusqu’au sang ma bouche,
Comment sommes-nous ?
Nous avons quatre bras pour nous défendre,
Mais je ne peux frapper que l’ennemi devant moi
Et toi que l’ennemi devant toi,
Nous avons quatre jambes pour courir,
Mais tu ne peux courir que de ton côté
Et moi que de l’autre côté.
Tout pas est un combat à la vie, à la mort.
Sommes-nous égaux ?
Mourrons-nous ensemble ou alors l’un portera,
Encore quelque temps,
Le cadavre de l’autre collé à lui
Et l’infectant lentement, trop lentement, de sa mort ?
Ou peut-être qu’il ne mourrait pas en entier
Et il portera pour l’éternité
Le doux poids de l’autre,
Atrophié pour toujours,
Grand comme une bosse,
Comme une verrue…
Oh, nous seuls connaissons le désir languissant
De pouvoir nous regarder dans les yeux
Et ainsi de comprendre tout,
Mais nous sommes dos à dos
Nous avons poussé comme deux branches
Et si l’un de nous s’arrachait,
Se sacrifiant pour un unique regard,
Il ne verrait que le dos d’où il s’est arraché
Ensanglanté, glacé,
De l’autre.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 6 Sep - 10:10
Ce flottement
(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
Que peut être le bonheur,
Sinon flotter
Parmi des fruits et des feuilles,
A travers le rayon de miel poussiéreux, frémissant
Sur le lieu enchanté où finit la vie
Mais où la mort ne commence pas
Et entre elles il n’y a que
Une limpide convoitise
Qui sent les prunes montant vers l’alcool,
La fumée et l’herbe séchée?
Que peut être le bonheur,
Sinon t’endormir,
En attendant ta fin,
En septembre,
Dans un verger?
(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
Que peut être le bonheur,
Sinon flotter
Parmi des fruits et des feuilles,
A travers le rayon de miel poussiéreux, frémissant
Sur le lieu enchanté où finit la vie
Mais où la mort ne commence pas
Et entre elles il n’y a que
Une limpide convoitise
Qui sent les prunes montant vers l’alcool,
La fumée et l’herbe séchée?
Que peut être le bonheur,
Sinon t’endormir,
En attendant ta fin,
En septembre,
Dans un verger?
- Nemesis
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 6 Sep - 14:07
Je suis ravie que tu aies reposté ici ce que nous aurions perdu sans toi : merci !
Charme de pluie m'aurait vraiment manqué ...
Charme de pluie m'aurait vraiment manqué ...
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Sam 10 Sep - 0:57
Tu as été bien plus rapide que moi Nemesis, mais je plussoie à 1000% !!! Et du reste, j'espère qu'on aura aussi la suite de l'histoire March... ... 'teuplé...
- Rock
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 4 Oct - 2:27
:Merci: pour ces découvertes de poèmes.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mer 12 Oct - 21:10
Je n’écrase point la corolle de merveilles du monde
(par Lucian Blaga, poète roumain, 1895-1961)
Traduction © Denisa Ispas, 2011 (comme pour tous les poèmes sur ce sujet)
Je n’écrase point la corolle de merveilles du monde
et je ne tue pint
sous ma raison les mystères, que je rencontre
sur mon chemin
dans fleurs, dans yeux, sur lèvres ou sur tombes.
La lumière des autres
étrangle la magie de l’impénétrable caché
dans des gouffres d’obscur
mais moi
moi de ma lumière j’amplifie le mystère du monde
et tout comme de ses blanches rais la lune
ne diminue guère, mais tremblante
accroît encore l’énigme de la nuit,
ainsi moi j’enrichis le sombre horizon
d’amples frissons de mystère saint
et tout ce qui est incompréhensible
mue en incompréhension encore plus grande
sous mes yeux -
car moi, j’aime
et fleurs et yeux et lèvres et tombeaux.
(par Lucian Blaga, poète roumain, 1895-1961)
Traduction © Denisa Ispas, 2011 (comme pour tous les poèmes sur ce sujet)
Je n’écrase point la corolle de merveilles du monde
et je ne tue pint
sous ma raison les mystères, que je rencontre
sur mon chemin
dans fleurs, dans yeux, sur lèvres ou sur tombes.
La lumière des autres
étrangle la magie de l’impénétrable caché
dans des gouffres d’obscur
mais moi
moi de ma lumière j’amplifie le mystère du monde
et tout comme de ses blanches rais la lune
ne diminue guère, mais tremblante
accroît encore l’énigme de la nuit,
ainsi moi j’enrichis le sombre horizon
d’amples frissons de mystère saint
et tout ce qui est incompréhensible
mue en incompréhension encore plus grande
sous mes yeux -
car moi, j’aime
et fleurs et yeux et lèvres et tombeaux.
- rose
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mer 26 Oct - 21:54
Je ressors ce vieux post que je viens de découvrir: vraiment bien, merci pour ce partage!!
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Dim 27 Nov - 22:04
Triste chant d’amour
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Seule ma vie mourra pour moi vraiment,
un jour.
Seule l’herbe sait le goût de la terre.
Seul mon sang se languit, vraiment,
de mon cœur, quand il la quitte.
L’air est haut, tu es haute,
ma tristesse est haute.
Arrive un temps où meurent les chevaux.
Arrive un temps où vieillissent les machines.
Arrive un temps où la pluie tombe froide
et toutes les femmes portent ta tête
et tes robes.
Arrive aussi un grand oiseau blanc
qui pond sur le ciel la lune.
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Seule ma vie mourra pour moi vraiment,
un jour.
Seule l’herbe sait le goût de la terre.
Seul mon sang se languit, vraiment,
de mon cœur, quand il la quitte.
L’air est haut, tu es haute,
ma tristesse est haute.
Arrive un temps où meurent les chevaux.
Arrive un temps où vieillissent les machines.
Arrive un temps où la pluie tombe froide
et toutes les femmes portent ta tête
et tes robes.
Arrive aussi un grand oiseau blanc
qui pond sur le ciel la lune.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Lun 28 Nov - 0:07
... la mélancolie de ce poème tombe à pic, si je puis dire... Tes traductions commençaient à me manquer !!! Encore... s'ilteuplé...
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Lun 28 Nov - 19:28
Merci, lézard... Prière exhaucée
La première élégie
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
A Dédale,
le premier de la fameuse famille
d’artistes, les dédalides
I
Il commence avec soi et finit
avec soi.
Nulle aura ne l’annonce, nulle
queue de comète de le suit.
De lui ne traverse vers l’extérieur
rien ; c’est pour cela qu’il n’a pas de visage
ni de forme. Il ressemblerait en quelque sorte
à la sphère,
qui a le plus de chair
recouverte de la plus serrée des peaux
qu’il y a. Mais il n’a même pas
autant de peau que la sphère
Il est le dedans – absolu,
et,
bien que sans bords, il est profondément
limité.
Mais à voir on ne le voit pas.
Il n’est pas suivi par l’histoire
de ses propres mouvements, comme
le signe du fer à cheval suit
fidèlement
les chevaux…
II
Il n’a même pas de présent,
bien que ce soit difficile à imaginer
comment ça, il n’en a pas.
Il est le dedans absolu,
l’intérieur du point, plus resserré
en soi que le point même.
III
Il ne se heurte à personne
et à rien, parce que
il n’a rien à offrir au dehors
par lequel il pourrait se heurter.
IV
Ici je dors, entouré de lui.
Tout est l’inverse de tout.
Mais il ne s’y oppose pas, et
d'autant moins le nie :
Dit Non seulement celui
qui connaît le Oui.
Cependant que lui, qui sait tout,
à Non et à Oui il a les feuilles arrachées.
Et je ne suis pas seul à dormir ici,
mais l’entière file des hommes
dont je porte le nom.
La file des hommes me peuplent
un épaule. La file de femmes
un autre.
Et ils n’ont même pas de place. Ils sont
les plumes que l’on ne voit pas.
Je bats des ailes et je dors –
ici,
le dedans absolu,
qui commence avec soi,
non annoncé par aucune aura,
non suivi par aucune queue
de comète.
La première élégie
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
A Dédale,
le premier de la fameuse famille
d’artistes, les dédalides
I
Il commence avec soi et finit
avec soi.
Nulle aura ne l’annonce, nulle
queue de comète de le suit.
De lui ne traverse vers l’extérieur
rien ; c’est pour cela qu’il n’a pas de visage
ni de forme. Il ressemblerait en quelque sorte
à la sphère,
qui a le plus de chair
recouverte de la plus serrée des peaux
qu’il y a. Mais il n’a même pas
autant de peau que la sphère
Il est le dedans – absolu,
et,
bien que sans bords, il est profondément
limité.
Mais à voir on ne le voit pas.
Il n’est pas suivi par l’histoire
de ses propres mouvements, comme
le signe du fer à cheval suit
fidèlement
les chevaux…
II
Il n’a même pas de présent,
bien que ce soit difficile à imaginer
comment ça, il n’en a pas.
Il est le dedans absolu,
l’intérieur du point, plus resserré
en soi que le point même.
III
Il ne se heurte à personne
et à rien, parce que
il n’a rien à offrir au dehors
par lequel il pourrait se heurter.
IV
Ici je dors, entouré de lui.
Tout est l’inverse de tout.
Mais il ne s’y oppose pas, et
d'autant moins le nie :
Dit Non seulement celui
qui connaît le Oui.
Cependant que lui, qui sait tout,
à Non et à Oui il a les feuilles arrachées.
Et je ne suis pas seul à dormir ici,
mais l’entière file des hommes
dont je porte le nom.
La file des hommes me peuplent
un épaule. La file de femmes
un autre.
Et ils n’ont même pas de place. Ils sont
les plumes que l’on ne voit pas.
Je bats des ailes et je dors –
ici,
le dedans absolu,
qui commence avec soi,
non annoncé par aucune aura,
non suivi par aucune queue
de comète.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Lun 28 Nov - 21:44
Joli... et à relire et relire encore, parce que plein de sens... Enfin, c'est pas une analyse, juste un ressenti... On dirait du Parménide...
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Lun 12 Déc - 23:11
Elégie deuxième, la gétique
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
A Vasile Pârvan (archéologue et historien roumain, préoccupé par la culture gète de nos ancêtres)
Dans chaque trou d'arbre était posé un dieu.
Si une pierre se fendait, vite était apporté
et posé là un dieu.
Il suffisait que se brisât un pont,
pour qu'à sa place fût posé un dieu,
ou, sur les routes, qu'apparût dans l'asphalte un trou,
pour qu’il y fût posé un dieu.
Ô, ne te coupe pas la main ou le pied,
par accident ou par intention.
Immédiatement ils mettront dans la blessure un dieu,
comme en tout lieu, comme partout,
ils y poseront un dieu
pour que nous l’adorions, car il
protège tout ce qui se sépare de soi.
Prends soin, guerrier, à ne pas perdre ton œil,
car ils apporteront et ils te poseront
dans ton orbite un dieu
et il y siègera, pétrifié, et nous
mouvrons nos âmes pour l’honorer…
Et même toi tu ébranleras ton âme
l'adorant comme un chose étrangère.
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
A Vasile Pârvan (archéologue et historien roumain, préoccupé par la culture gète de nos ancêtres)
Dans chaque trou d'arbre était posé un dieu.
Si une pierre se fendait, vite était apporté
et posé là un dieu.
Il suffisait que se brisât un pont,
pour qu'à sa place fût posé un dieu,
ou, sur les routes, qu'apparût dans l'asphalte un trou,
pour qu’il y fût posé un dieu.
Ô, ne te coupe pas la main ou le pied,
par accident ou par intention.
Immédiatement ils mettront dans la blessure un dieu,
comme en tout lieu, comme partout,
ils y poseront un dieu
pour que nous l’adorions, car il
protège tout ce qui se sépare de soi.
Prends soin, guerrier, à ne pas perdre ton œil,
car ils apporteront et ils te poseront
dans ton orbite un dieu
et il y siègera, pétrifié, et nous
mouvrons nos âmes pour l’honorer…
Et même toi tu ébranleras ton âme
l'adorant comme un chose étrangère.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 19:50
Elégie troisième
(Nichita Stanescu)
Contemplation, crise de temps et encore contemplation
I. Contemplation
Si tu te réveilles,
voilà jusqu’où on peut arriver :
Soudainement, l’œil devient vide à l’intérieur
comme un tunnel, le regard
fait un avec toi.
Voilà jusqu’où peut arriver
le regard, quand il se réveille :
Soudainement il devient vide, comme
un tuyau de plomb à travers lequel
seul le bleu voyage.
Voilà jusqu’où peut arriver
le bleu éveillé :
Soudainement il devient vide
comme une artère sans sang
à travers laquelle les paysages coulants du sommeil
se voient.
II. Crise de temps
Ô, courte tristesse, insecte verdâtre,
vous, doux œufs, habitant un noyau de météore
brisé ; et de mes paumes couverts
pour renaître dans un tout autre décor.
La chambre déborde par les fenêtres,
et je ne peux plus la retenir dans mes yeux ouverts.
Guerre d’anges bleus, aux lances électrocutés,
prend place dans mes iris.
Je me mélange aux objets jusqu’au sang,
pour les empêcher dans leur démarrage,
mais elles se heurtent aux volets
et coulent vers un autre ordre.
Ô, courte tristesse, il reste
tout autour une sphère de vide !
Je me tiens en son centre et un à un
les yeux de mon front, de ma temple, de mes doigts
s’ouvrent.
III. Contemplation
Soudainement l’air hurle…
Il secoue ses oiseaux sur mon dos
et ils s’enfoncent dans mes épaules, mon échine,
occupent tout la place et n’ont plus où se mettre.
Sur le dos des grands oiseaux
s'enfoncent les autres.
Des cordes débattantes les traînent,
aquatiques plantes.
Je ne peux même plus me tenir droit
mais abattu, sur des pierres fluorescentes,
je m’accroche avec les bras au pilon d’un pont
arqué au-dessus d’eaux inexistantes.
Fleuve d’oiseaux enfoncés
les becs les uns dans les autres s’agitent,
de mon dos débordent
vers une mer glacée non noircie.
Fleuve d’oiseaux mourant
sur lequel lanceront des barques effilées
les barbares, migrant toujours vers des contrées
nordiques et inhabitées.
IV. Crise de temps
Comme si un tombeau se brisait
et que coulait sur le fleuve
tout son mystère…
Mais plutôt,
lui, le regard, nous tient
à un de ses buts fructifiés.
Absorbe de nous autant qu’il peut
semblant non-montrer
les anges des arbres et des
autres paysages.
Les arbres nous voient, nous,
et non pas l’inverse.
Comme si se brisait une feuille
et qu'en coulait
un étang d’yeux verts.
Nous sommes fructifiés. Nous pendons
au bout d’un regard
qui nous absorbe.
V. Contemplation
Se montrait en un éclair un monde
plus vite même que le temps de la lettre A.
Je ne savais que cela : qu’elle existe
Bien que la vue derrière les feuilles ne la voyait même pas.
Je retombais à l’état d’homme
si vite, que je me heurtais
à mon propre corps, avec douleur
m’étonnant très de l’avoir.
J’allongeais mon âme d’un côté et de l’autre,
pour remplir avec les tuyaux de mes bras.
Pareil le globe au-dessus de mes épaules
et les autres aspects pareil.
Ainsi je m’efforçais à me rappeler
le monde que j’ai compris en un éclair,
et qui m’avait puni en jetant dans ce corps,
lentement parlant.
Mais je ne pouvais rien me rappeler.
Juste ceci – que j’avais touché
l'Autre Chose, l’Autre, l’Ailleurs,
qui, me sachant, m’a repoussé.
Gravitation de mon cœur,
tous les sens rappelant
toujours à revenir. Même toi,
esclave des aimants, pensée.
(Nichita Stanescu)
Contemplation, crise de temps et encore contemplation
I. Contemplation
Si tu te réveilles,
voilà jusqu’où on peut arriver :
Soudainement, l’œil devient vide à l’intérieur
comme un tunnel, le regard
fait un avec toi.
Voilà jusqu’où peut arriver
le regard, quand il se réveille :
Soudainement il devient vide, comme
un tuyau de plomb à travers lequel
seul le bleu voyage.
Voilà jusqu’où peut arriver
le bleu éveillé :
Soudainement il devient vide
comme une artère sans sang
à travers laquelle les paysages coulants du sommeil
se voient.
II. Crise de temps
Ô, courte tristesse, insecte verdâtre,
vous, doux œufs, habitant un noyau de météore
brisé ; et de mes paumes couverts
pour renaître dans un tout autre décor.
La chambre déborde par les fenêtres,
et je ne peux plus la retenir dans mes yeux ouverts.
Guerre d’anges bleus, aux lances électrocutés,
prend place dans mes iris.
Je me mélange aux objets jusqu’au sang,
pour les empêcher dans leur démarrage,
mais elles se heurtent aux volets
et coulent vers un autre ordre.
Ô, courte tristesse, il reste
tout autour une sphère de vide !
Je me tiens en son centre et un à un
les yeux de mon front, de ma temple, de mes doigts
s’ouvrent.
III. Contemplation
Soudainement l’air hurle…
Il secoue ses oiseaux sur mon dos
et ils s’enfoncent dans mes épaules, mon échine,
occupent tout la place et n’ont plus où se mettre.
Sur le dos des grands oiseaux
s'enfoncent les autres.
Des cordes débattantes les traînent,
aquatiques plantes.
Je ne peux même plus me tenir droit
mais abattu, sur des pierres fluorescentes,
je m’accroche avec les bras au pilon d’un pont
arqué au-dessus d’eaux inexistantes.
Fleuve d’oiseaux enfoncés
les becs les uns dans les autres s’agitent,
de mon dos débordent
vers une mer glacée non noircie.
Fleuve d’oiseaux mourant
sur lequel lanceront des barques effilées
les barbares, migrant toujours vers des contrées
nordiques et inhabitées.
IV. Crise de temps
Comme si un tombeau se brisait
et que coulait sur le fleuve
tout son mystère…
Mais plutôt,
lui, le regard, nous tient
à un de ses buts fructifiés.
Absorbe de nous autant qu’il peut
semblant non-montrer
les anges des arbres et des
autres paysages.
Les arbres nous voient, nous,
et non pas l’inverse.
Comme si se brisait une feuille
et qu'en coulait
un étang d’yeux verts.
Nous sommes fructifiés. Nous pendons
au bout d’un regard
qui nous absorbe.
V. Contemplation
Se montrait en un éclair un monde
plus vite même que le temps de la lettre A.
Je ne savais que cela : qu’elle existe
Bien que la vue derrière les feuilles ne la voyait même pas.
Je retombais à l’état d’homme
si vite, que je me heurtais
à mon propre corps, avec douleur
m’étonnant très de l’avoir.
J’allongeais mon âme d’un côté et de l’autre,
pour remplir avec les tuyaux de mes bras.
Pareil le globe au-dessus de mes épaules
et les autres aspects pareil.
Ainsi je m’efforçais à me rappeler
le monde que j’ai compris en un éclair,
et qui m’avait puni en jetant dans ce corps,
lentement parlant.
Mais je ne pouvais rien me rappeler.
Juste ceci – que j’avais touché
l'Autre Chose, l’Autre, l’Ailleurs,
qui, me sachant, m’a repoussé.
Gravitation de mon cœur,
tous les sens rappelant
toujours à revenir. Même toi,
esclave des aimants, pensée.
- Nemesis
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 20:20
***
Le seul point est dans IV. Crise de temps, l'imparfait me semblerait moins choquant, à la suite de "comme si".
Comme toujours, les remarques en poésie s'arrêtent là où l'auteur s'affranchit
***
Le seul point est dans IV. Crise de temps, l'imparfait me semblerait moins choquant, à la suite de "comme si".
Comme toujours, les remarques en poésie s'arrêtent là où l'auteur s'affranchit
***
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 20:30
Non mais c'est une énorme erreur d'expression. On ne peut pas mettre un conditionnel dans un irréel du passé dans l'apodose, sinon faudrait inventer un autre temps du passé. Mauvais traduction, c'est tout.Nemesis a écrit:***
Le seul point est dans IV. Crise de temps, l'imparfait me semblerait moins choquant, à la suite de "comme si".
Comme toujours, les remarques en poésie s'arrêtent là où l'auteur s'affranchit
***
- Nemesis
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 20:36
Il y a
1- une façon de le dire et, de préférence, sans faute d'orthographe
2- un peu de flexibilité d'esprit à avoir quand il s'agit de poésie, même s'il s'agit d'une erreur
1- une façon de le dire et, de préférence, sans faute d'orthographe
2- un peu de flexibilité d'esprit à avoir quand il s'agit de poésie, même s'il s'agit d'une erreur
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:15
Bouktis a écrit:Non mais c'est une énorme erreur d'expression. On ne peut pas mettre un conditionnel dans un irréel du passé dans l'apodose, sinon faudrait inventer un autre temps du passé. Mauvais traduction, c'est tout.Nemesis a écrit:***
Le seul point est dans IV. Crise de temps, l'imparfait me semblerait moins choquant, à la suite de "comme si".
Comme toujours, les remarques en poésie s'arrêtent là où l'auteur s'affranchit
***
Merci pour cette remarque fort aimable et constructive. Le français n'est pas ma première langue, de un, et de deux, la traduction a été faite pendant un cours, en prenant des notes en alternance. C'est une faute d'inattention, pas une énorme erreur d'expression. Et puis si c'était la seule faute de mon français, je serais toujours largement au-dessus de la moyenne de ceux dont c'est la langue maternelle (et je te dis même pas à quel niveau se situent mes collègues de Lettres, à la Sorbonne, en 3e année, pour ne pas mentionner le niveau des membres ici...).
Même quand je publiais ma nouvelle sur le forum, je demandais toujours qu'on me corrige, car je sais pertinemment que je fais encore des fautes, d'inattention ou des calques de ma propre langue ou autre. Donc une telle agressivité n'était franchement pas nécessaire, puisque les corrections, je les demande moi-même.
Juste une dernière chose :
Mauvaise. Quod erat demonstratum.Bouktis a écrit:Mauvais traduction, c'est tout.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:27
March a écrit:Bouktis a écrit:Non mais c'est une énorme erreur d'expression. On ne peut pas mettre un conditionnel dans un irréel du passé dans l'apodose, sinon faudrait inventer un autre temps du passé. Mauvais traduction, c'est tout.Nemesis a écrit:***
Le seul point est dans IV. Crise de temps, l'imparfait me semblerait moins choquant, à la suite de "comme si".
Comme toujours, les remarques en poésie s'arrêtent là où l'auteur s'affranchit
***
Merci pour cette remarque fort aimable et constructive. Le français n'est pas ma première langue, de un, et de deux, la traduction a été faite pendant un cours, en prenant des notes en alternance. C'est une faute d'innatention, pas une énorme erreur d'expression. Et puis si c'était la seule faute de mon français, je serais toujours largement au-dessus de la moyenne de ceux dont c'est la langue maternelle (et je te dis même pas à quel niveau se situent mes collègues de Lettres, à la Sorbonne, en 3e année, pour ne pas mentionner le niveau des membres ici...).
Même quand je publiais ma nouvelle sur le forum, je demandais toujours qu'on me corrige, car je sais pertinemment que je fais encore des fautes, d'innattention ou des calques de ma propre langue ou autre. Donc une telle agressivité n'était franchement pas nécessaire, puisque les corrections, je les demande moi-même.
Juste une dernière chose :Mauvaise. Quod erat demonstratum.Bouktis a écrit:Mauvais traduction, c'est tout.
Une faute reste une faute et j'ai été à la sorbonne... Ensuite, je ne voulais pas contraindre un quelconque complexe à se défaire.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:30
Moi j'aurais plus honte de faire une faute d'accord que de concordance de temps dans un texte à syntaxe compliquée. Et t'as pas besoin de citer tout ce qui a été dit avant pour répondre, y a un petit formulaire juste en dessous, comme ça on évite de remplir mon sujet de poésie avec des blocs où en fait y a que deux lignes à lire. Merci.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:32
Encore une orgueilleuse qui croit tout savoir.March a écrit:Moi j'aurais plus honte de faire une faute d'accord que de concordance de temps dans un texte à syntaxe compliquée. Et t'as pas besoin de citer tout ce qui a été dit avant pour répondre, y a un petit formulaire juste en dessous, comme ça on évite de remplir mon sujet de poésie avec des blocs où en fait y a que deux lignes à lire. Merci.
- Nemesis
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:33
Tu l'agresses sur son topic, fallait pas t'attendre à des roses.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:34
en même temps, quand on sait pas mettre un adjectif au féminin, faut pas se la ramener.
ceci dit,
ceci dit,
je parle très mieux que vous et je vous merde
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:34
Bah, j'ai juste dit qu'elle avait fait une grosse erreur de Français. Y a pas mort de nanas, tout de même ? C'est agressif de dire qu'on s'est mal exprimé ? Ensuite, bah pardon, hein, continue donc à refaire ces erreurs.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:36
Oui. on peut dire "tu as fait une faute de temps" comme Nemesis l'a dit. Et écrire correctement quand on corrige (tu ne sembles toujours pas avoir compris que tu as écrit "mauvais traduction" au lieu de "mauvaisE traduction") au lieu de me traiter, moi, d'orgueilleuse.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:37
Bah j'ai oublié le "e". Donc, je n'avais pas droit de te souligner ton erreur ?
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:42
Je t'expliquerai pourquoi on ne peut pas employer l'imparfait avec un conditionnel... Sur ce, j'aime bien les métaphores des poèmes. Parfois, on n'arrive presque aux portes de l'univers baudelairien.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:44
Oh la la... On va se calmer là ?... Bouktis, Nemesis avait juste tranquillement signalé à March qu'il y avait une erreur, c'était juste pas la peine d'en remettre une couche... C'est tout ce qui a été dit ! C'est vrai que ça peut vexer... C'est tout !
Je crois qu'on peut le comprendre : t'y es pas allé de main morte en plus la deuxième fois : :fessée!: :fessée!: :fessée!:
... :drapeaublanc: Y retourne vite fait dans sa classe le prof là !!! C'est quoi ces déformations professionnelles ?!?!... (dixit la fille qui a envoyé un long mp à Storm ce weekend...)
Je crois qu'on peut le comprendre : t'y es pas allé de main morte en plus la deuxième fois : :fessée!: :fessée!: :fessée!:
... :drapeaublanc: Y retourne vite fait dans sa classe le prof là !!! C'est quoi ces déformations professionnelles ?!?!... (dixit la fille qui a envoyé un long mp à Storm ce weekend...)
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:45
Ah ben quand même : une remarque sur le contenu qui est juste d'excellente qualité...
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:45
lebleulezard a écrit:Oh la la... On va se calmer là ?... Bouktis, Nemesis avait juste tranquillement signalé à March qu'il y avait une erreur, c'était juste pas la peine d'en remettre une couche... C'est tout ce qui a été dit ! C'est vrai que ça peut vexer... C'est tout !
Je crois qu'on peut le comprendre : t'y es pas allé de main morte en plus la deuxième fois : :fessée!: :fessée!: :fessée!:
... :drapeaublanc: Y retourne vite fait dans sa classe le prof là !!! C'est quoi ces déformations professionnelles ?!?!... (dixit la fille qui a envoyé un long mp à Storm ce weekend...)
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:46
Non. Tu as fait une énorme erreur de français pile au moment où tu me sautes à la gorge pour une erreur que j'ai faite, moi. Ca s'appelle regarder la paille dans l'oeil du voisin avant de voir sa poutre.
Je n'ai pas dit qu'on peut utiliser le conditionnel avec "si". Je connais parfaitement les règles du Si conditionnel (conditionnel & SI + imparfait ; conditionnel passé & SI + plus-que-parfait), j'ai dit que c'est une faute d'inattention due au fait que je traduisais en faisant attention à un cours et en prenant des notes. Il aurait suffi de le signaler et je l'aurais corrigé. Fin de l'histoire.
Je n'ai pas dit qu'on peut utiliser le conditionnel avec "si". Je connais parfaitement les règles du Si conditionnel (conditionnel & SI + imparfait ; conditionnel passé & SI + plus-que-parfait), j'ai dit que c'est une faute d'inattention due au fait que je traduisais en faisant attention à un cours et en prenant des notes. Il aurait suffi de le signaler et je l'aurais corrigé. Fin de l'histoire.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:49
Bah j'ai une faut(e) d'inattention (z)oci, ce n'est pas pour ça que je me suis sentie blessée D'ailleurs, je n'ai pigé que tard. Mais, bon, tu as fait une grosseu faute lol. Bon, là, je taquine.March a écrit:Non. Tu as fait une énorme erreur de français pile au moment où tu me sautes à la gorge pour une erreur que j'ai faite, moi. Ca s'appelle regarder la paille dans l'oeil du voisin avant de voir sa poutre.
Je n'ai pas dit qu'on peut utiliser le conditionnel avec "si". Je connais parfaitement les règles du Si conditionnel (conditionnel & SI + imparfait ; conditionnel passé & SI + plus-que-parfait), j'ai dit que c'est une faute d'innattention due au fait que je traduisais en faisant attention à un cours et en prenant des notes. Il aurait suffi de le signaler et je l'aurais corrigé. Fin de l'histoire.
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:55
Non, moi je me suis sentie blessée par "mauvais traduction". Parce que je fais des études de traductologie et une mauvaise traduction s'identifie selon d'autres critères : style, omissions, calques, modifications apportées au texte original, compréhensibilité du texte. On traite pas toute une traduction de mauvaise pour une faute de grammaire, fût-elle "grave" comme tu dis, sans l'appui d'autres fautes. Et je peux le dire parce que ça fait 11 semaines que je fais des commentaires de traduction où le but est précisément de repérer les bons et les mauvais choix des traducteurs.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 21:59
Excuse moi mais je ne pouvais pas savoir ce que de travail, il y avait derrière tes posts. Pourquoi les mets-tu ici ?March a écrit:Non, moi je me suis sentie blessée par "mauvais traduction". Parce que je fais des études de traductologie et une mauvaise traduction s'identifie selon d'autres critères : style, omissions, calques, modifications apportées au texte original, compréhensibilité du texte. On traite pas toute une traduction de mauvaise pour une faute de grammaire, fût-elle "grave" comme tu dis, sans l'appui d'autres fautes. Et je peux le dire parce que ça fait 11 semaines que je fais des commentaires de traduction où le but est précisément de repérer les bons et les mauvais choix des traducteurs.
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 22:02
Pour partager avec les filles la culture roumaine qui est fort méconnue. Parce que mon ambassade n'a rien à foutre de la faire connaître aux Français. Parce que je fais de la poésie européenne au premier semestre et ça m'a ouvert le goût pour nos propres poètes contemporains que je ne savais pas apprécier avant.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 22:05
Oui je comprends ton initiative mais je ne savais pas que tu avais tant de travail derrière ces posts. Désolée, si j'ai pu sembler directe. Je ne corrige pas comme une interprète mais comme un prof de Français. Cela dit, je reprends les métaphores utilisées, je les trouve intéressantes. Ces auteurs, tu peux les présenter un peu ?March a écrit:Pour partager avec les filles la culture roumaine qui est fort méconnue. Parce que mon ambassade n'a rien à foutre de la faire connaître aux Français. Parce que je fais de la poésie européenne au premier semestre et ça m'a ouvert le goût pour nos propres poètes contemporains que je ne savais pas apprécier avant.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 22:10
D'accord, oublions tout ça. Je les présenterai avec plaisir dès que je finis de passer mes DST (dont celui de poésie demain matin). Jusque là...
Elégie quatrième
(Nichita Stanescu)
La lutte entre viscéral et réel
I
Vaincu en dehors
le Moyen-âge s’est retiré dans les cellules
rouges et blanches de mon sang.
Dans la cathédrale aux murs pulsants, s’est retiré,
jetant et absorbant les croyants sans arrêt,
dans un circuit absurde,
à travers une zone absurde,
se nourrissant de grands morceaux de lune,
dans son désir d’exister
les mordant en cachette, la nuit,
quand les yeux du monde dorment
et
juste les dents de ceux qui parlent dans leur sommeil
s’aperçoivent dans le noir,
semblables à une pluie de météorites
étincelants,
montant et descendant en rythme.
Vaincu en dehors
le Moyen-âge s’est retiré en moi
et
mon propre corps ne
me comprend plus
et
mon propre corps me hait,
pour pouvoir continuer à exister
il me hait.
Ainsi,
il se dépêche de s’écrouler
dans le sommeil,
soir après soir ;
et en hiver
de plus en plus fortement il s’entoure
de couches de glace,
me secouant et me heurtant et
me plongeant profondément en lui-même,
voulant
me tuer pour pouvoir être libre
et me non-tuant
pour pouvoir être, tout de même, vécu par quelqu’un.
II
Mais partout en moi il y a des bûchers
en attente,
et amples, sombres processions
auréolées de douleur.
Douleur de la rupture en deux du monde,
pour qu’il entre par mes yeux, les deux.
Douleur de la rupture en deux des sons
du monde,
pour heurter mes tympans, les deux.
Douleur de la rupture en deux
Des odeurs du monde,
pour toucher mes narines, les deux.
Et toi, ô toi, réfection à l’intérieur,
toi, rassemblement des moitiés, identique
à l’étreinte de l’homme avec sa femme,
ô, toi, et toi, et toi, et toi,
heurt solennel
des moitiés déchirées,
avec une flamme lente, si lente,
que dure presque une vie
son lever,
l’allumage des bûchers, l’attendu,
le présagé, le salvateur
allumage des bûchers.
Elégie quatrième
(Nichita Stanescu)
La lutte entre viscéral et réel
I
Vaincu en dehors
le Moyen-âge s’est retiré dans les cellules
rouges et blanches de mon sang.
Dans la cathédrale aux murs pulsants, s’est retiré,
jetant et absorbant les croyants sans arrêt,
dans un circuit absurde,
à travers une zone absurde,
se nourrissant de grands morceaux de lune,
dans son désir d’exister
les mordant en cachette, la nuit,
quand les yeux du monde dorment
et
juste les dents de ceux qui parlent dans leur sommeil
s’aperçoivent dans le noir,
semblables à une pluie de météorites
étincelants,
montant et descendant en rythme.
Vaincu en dehors
le Moyen-âge s’est retiré en moi
et
mon propre corps ne
me comprend plus
et
mon propre corps me hait,
pour pouvoir continuer à exister
il me hait.
Ainsi,
il se dépêche de s’écrouler
dans le sommeil,
soir après soir ;
et en hiver
de plus en plus fortement il s’entoure
de couches de glace,
me secouant et me heurtant et
me plongeant profondément en lui-même,
voulant
me tuer pour pouvoir être libre
et me non-tuant
pour pouvoir être, tout de même, vécu par quelqu’un.
II
Mais partout en moi il y a des bûchers
en attente,
et amples, sombres processions
auréolées de douleur.
Douleur de la rupture en deux du monde,
pour qu’il entre par mes yeux, les deux.
Douleur de la rupture en deux des sons
du monde,
pour heurter mes tympans, les deux.
Douleur de la rupture en deux
Des odeurs du monde,
pour toucher mes narines, les deux.
Et toi, ô toi, réfection à l’intérieur,
toi, rassemblement des moitiés, identique
à l’étreinte de l’homme avec sa femme,
ô, toi, et toi, et toi, et toi,
heurt solennel
des moitiés déchirées,
avec une flamme lente, si lente,
que dure presque une vie
son lever,
l’allumage des bûchers, l’attendu,
le présagé, le salvateur
allumage des bûchers.
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 22:30
Nichita Stanescu (1933-1983)
Publie le volume 11 élégies en 1966 (Ed. Tineretului, « Editions de la Jeunesse »), son quatrième.
Dans un entretien avec Alexandre Stark, il dit : « Il est très difficile de transposer en notion ce qui n’a pas un caractère notionnel. La poésie n’a pas un caractère notionnel, bien qu’elle utilise la notion comme une brique en sa construction. Son sens final est un sens émotionnel, métaphorique et visionnaire. Confondre le matériau et le sens du matériau est une chose très commode et très nuisible. »
A la publication des 11 Elégies, la critique, déroutée, a attribué "les assertions poétiques" de N. Stanescu à une "vision absurde et gratuite". D'autres critiques importants ont ensuite parlé d'une unité de ces poèmes qui construiraient "une vision démonstrative de sa philosophie lyrique" (E. Simion). Vers la fin de sa vie, le poète lui-même décide de parler des mécanismes qui ont donné naissance aux élégies : il parle d'une "nature simple et complexe en même temps. Simple car c'est un livre de la rupture existentielle, (...) l'était du jaune d'oeuf et du blanc d'oeuf devant la nécessité de choisir un autre oeuf en craie. (...) Mais ses causes les plus valides sont les plus complexes, car elles proviennent d'une redimensionnement du matériau humain, non pas du corps périssable, mais du mot impérissable."
Liste de ses volumes :
Le Sens de l’amour (1960)
Une vision des sentiments (1964)
Le Droit au temps (1965)
11 élégies (1966)
Rouge vertical (1967)
Alpha et L’œuf et la sphère (1967)
Laus Ptolemaei (1968)
Les Nonmots (1969)
Une terre nommée Roumanie (1969)
Dans le doux style classique et Poèmes (1970)
Le Belgrade en cinq amis, Le Livre de relecture, La Grandeur du froid. Le Roman d’un sentiment (1972)
Clair de cœur (1973)
L’Etat de la poésie (1975)
Epica Magna (1978)
Œuvres imparfaites (1979)
Livre pour lire, livre pour aimer (1980)
Des noeuds et des signes (1982)
Respirations (1982)
L’Appel du nom (1983)
Publie le volume 11 élégies en 1966 (Ed. Tineretului, « Editions de la Jeunesse »), son quatrième.
Dans un entretien avec Alexandre Stark, il dit : « Il est très difficile de transposer en notion ce qui n’a pas un caractère notionnel. La poésie n’a pas un caractère notionnel, bien qu’elle utilise la notion comme une brique en sa construction. Son sens final est un sens émotionnel, métaphorique et visionnaire. Confondre le matériau et le sens du matériau est une chose très commode et très nuisible. »
A la publication des 11 Elégies, la critique, déroutée, a attribué "les assertions poétiques" de N. Stanescu à une "vision absurde et gratuite". D'autres critiques importants ont ensuite parlé d'une unité de ces poèmes qui construiraient "une vision démonstrative de sa philosophie lyrique" (E. Simion). Vers la fin de sa vie, le poète lui-même décide de parler des mécanismes qui ont donné naissance aux élégies : il parle d'une "nature simple et complexe en même temps. Simple car c'est un livre de la rupture existentielle, (...) l'était du jaune d'oeuf et du blanc d'oeuf devant la nécessité de choisir un autre oeuf en craie. (...) Mais ses causes les plus valides sont les plus complexes, car elles proviennent d'une redimensionnement du matériau humain, non pas du corps périssable, mais du mot impérissable."
Liste de ses volumes :
Le Sens de l’amour (1960)
Une vision des sentiments (1964)
Le Droit au temps (1965)
11 élégies (1966)
Rouge vertical (1967)
Alpha et L’œuf et la sphère (1967)
Laus Ptolemaei (1968)
Les Nonmots (1969)
Une terre nommée Roumanie (1969)
Dans le doux style classique et Poèmes (1970)
Le Belgrade en cinq amis, Le Livre de relecture, La Grandeur du froid. Le Roman d’un sentiment (1972)
Clair de cœur (1973)
L’Etat de la poésie (1975)
Epica Magna (1978)
Œuvres imparfaites (1979)
Livre pour lire, livre pour aimer (1980)
Des noeuds et des signes (1982)
Respirations (1982)
L’Appel du nom (1983)
- gwam
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 22:51
Magnifique !!March a écrit:Poème
(par Nichita Stanescu, poète roumain, 1933-1983)
Dis-moi, si je t’attrapais un jour
et que je t’embrassais la plante du pied,
n’est-ce pas que tu boiterais un peu, après,
de peur d’écraser mon baiser ?
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mar 13 Déc - 23:06
N'est-ce pas ? :232love:
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mer 14 Déc - 12:28
J'aime beaucoup l'usage de ses métaphores, je dirai même de ses métaphores filées. On y sent la rupture et la continuité. Il erre dans une dualité plaintive où c'est l'inattendu qui en ressort. Merci de nous faire connaître ce poète à l'écriture riche. Je suis assez émue par son amour des mots qui deviennent autonomes à sa sensibilité. Cela peut sembler un peu hermétique dans certaines élégies mais il y a des récurrences de topoï. Quelle était sa relation à la religion et aux femmes ?March a écrit:D'accord, oublions tout ça. Je les présenterai avec plaisir dès que je finis de passer mes DST (dont celui de poésie demain matin). Jusque là...
Elégie quatrième
(Nichita Stanescu)
La lutte entre viscéral et réel
I
Vaincu en dehors
le Moyen-âge s’est retiré dans les cellules
rouges et blanches de mon sang.
Dans la cathédrale aux murs pulsants, s’est retiré,
jetant et absorbant les croyants sans arrêt,
dans un circuit absurde,
à travers une zone absurde,
se nourrissant de grands morceaux de lune,
dans son désir d’exister
les mordant en cachette, la nuit,
quand les yeux du monde dorment
et
juste les dents de ceux qui parlent dans leur sommeil
s’aperçoivent dans le noir,
semblables à une pluie de météorites
étincelants,
montant et descendant en rythme.
Vaincu en dehors
le Moyen-âge s’est retiré en moi
et
mon propre corps ne
me comprend plus
et
mon propre corps me hait,
pour pouvoir continuer à exister
il me hait.
Ainsi,
il se dépêche de s’écrouler
dans le sommeil,
soir après soir ;
et en hiver
de plus en plus fortement il s’entoure
de couches de glace,
me secouant et me heurtant et
me plongeant profondément en lui-même,
voulant
me tuer pour pouvoir être libre
et me non-tuant
pour pouvoir être, tout de même, vécu par quelqu’un.
II
Mais partout en moi il y a des bûchers
en attente,
et amples, sombres processions
auréolées de douleur.
Douleur de la rupture en deux du monde,
pour qu’il entre par mes yeux, les deux.
Douleur de la rupture en deux des sons
du monde,
pour heurter mes tympans, les deux.
Douleur de la rupture en deux
Des odeurs du monde,
pour toucher mes narines, les deux.
Et toi, ô toi, réfection à l’intérieur,
toi, rassemblement des moitiés, identique
à l’étreinte de l’homme avec sa femme,
ô, toi, et toi, et toi, et toi,
heurt solennel
des moitiés déchirées,
avec une flamme lente, si lente,
que dure presque une vie
son lever,
l’allumage des bûchers, l’attendu,
le présagé, le salvateur
allumage des bûchers.
- March
- Localisation : Paris
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mer 14 Déc - 17:36
Houlà, alors il faut que je fasse des recherches pour te répondre. Comme c'est un contemporain et qu'on étudie la littérature de façon chronologique (du moins chez moi), on fait 2-3 cours sur lui et c'est tout. On passe par contre 7-8 semaines sur Eminescu (un peu notre Hugo) et il ne reste pas beaucoup de temps pour le reste. Nichita (prononcé Niquita) Stanescu, je le découvre toute seule...
- March
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Re: Voyage en poésie roumaine
Mer 28 Déc - 17:07
De saison
Chanson d'hiver
(Nichita Stanescu, du recueil Le Sens de l'amour)
Tu es tellement belle, l'hiver !
Le champ allongé sur le dos, à côté de l'horizon,
et les arbres arrêtés, dans la course de l'aquilon.
Mes narines tremblent
et aucune senteur,
aucune brise,
sauf l'odeur lointaine, de glace,
des soleils.
Comme tes mains sont limpides, l'hiver !
Et personne ne passe,
seuls les soleils blancs tournent tranquillement, idolâtres
et la pensée grandit en cercles
sonorisant les arbres
par deux,
par quatre.
Chanson d'hiver
(Nichita Stanescu, du recueil Le Sens de l'amour)
Tu es tellement belle, l'hiver !
Le champ allongé sur le dos, à côté de l'horizon,
et les arbres arrêtés, dans la course de l'aquilon.
Mes narines tremblent
et aucune senteur,
aucune brise,
sauf l'odeur lointaine, de glace,
des soleils.
Comme tes mains sont limpides, l'hiver !
Et personne ne passe,
seuls les soleils blancs tournent tranquillement, idolâtres
et la pensée grandit en cercles
sonorisant les arbres
par deux,
par quatre.
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Mer 28 Déc - 20:47
:232love: ... j'aime ... J'aime quand les mots sont limpides comme ça ! Simples, efficaces, translucides, transperçants... bref. J'aime quoi !
- InvitéInvité
Re: Voyage en poésie roumaine
Jeu 29 Déc - 15:46
Oui, très beau poème. Même si la forme poétique est différente, il y a une thématique du haïku, je trouve.
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